Le sondage de 2015 de l’Association Française des Industriels du Numérique de l’Education et de la Formation (Afinef) affirme que 90% des entreprises interrogées utilise l’e-leraning, dont 60% depuis plus de trois ans. D’autres études comptabilisent en 2016 plus de 35 millions de personnes qui ont suivi un MOOC, avec plus de 6.500 MOOC offerts sur les différentes plates-formes par environ 700 universités. En France, OpenClassroom revendique à lui seul 3 millions d’étudiants par mois, issus de plus de 120 pays.
Bon là, ça donne à réfléchir. Ce qui semble certain aujourd’hui, c’est que le phénomène du MOOC (Massive Open Online Courses, ou en français, enseignement de masse disponible en ligne) n’est pas qu’un simple feu de paille. Alors s’il n’y a plus à se déplacer pour apprendre, l’enseignement traditionnel « présentiel » est-il voué à une mort certaine, comme les dinosaures à leur époque. Le MOOC serait-il alors son digne successeur autant que son bourreau ?
Il faut reconnaître que les MOOC attirent un nombre croissant d’adultes à la recherche de compléments de formation, accessibles facilement, à des coûts raisonnable et suffisamment souples pour s’adapter à leurs emplois du temps. Le net est l’outil idéal pour cela. Pour répondre à cette demande, de nombreux MOOC ont su évoluer vers des modèles « freemium » ( de free qui signifie gratuit, et premium prime). Il s’agit d’une stratégie commerciale associant à une offre gratuite en libre accès destinée à retenir le chaland, une offre « premium » en accès payant. Moyennant un paiement qui reste somme toute raisonnable, voire modeste, l’offre prime se distingue de celle gratuite en proposant un contenu plus élaboré permettant d’obtenir à l’issue d’exercices complémentaires une certification. Cette attestation récompense les utilisateurs les plus assidus qui apprécient de voir reconnaître leurs compétences acquises.
Toutefois, il faut noter aussi que le taux de complétion des MOOC (inspiré du terme anglais signifiant rendre complet) est très faible. Seulement 5% des personnes inscrits vont au bout de leur MOOC. La très grande majorité ne le finit pas soit par manque d’implication, soit tout simplement par choix de sélectionner quelques contenus.
Ce serait trop hâtif et même réducteur de juger cette innovation de rupture avec une grille d’analyse d’un ancien monde. L’enseignement traditionnel vise la délivrance d’un diplôme et le décrocher est le sésame attendu. Le MOOC est fondamentalement à son juste opposé. Il correspond à un enseignement à la carte, piloté par l’apprenant. Ce dernier peut très bien choisir certains modules et en ignorer totalement d’autres. Peu importe de terminer le MOOC et plus encore d’obtenir à la fin un certificat. Avec la grille de l’ancien monde, il serait classé en échec. Par contre, avec celle du nouveau monde, il contrôle son apprentissage et a obtenu ce qu’il voulait. C’est donc une total réussite.
En fait, le MOOC ne prend pas les « clients » aux grandes écoles. Les connectés des MOOC sont surtout ceux qui ne peuvent pas utiliser l’enseignement traditionnel. Tout simplement parce qu’ils travaillent déjà, ou que leurs lieuX d’habitation sont trop éloignés de l’école qui offrirait l’enseignement souhaité, ou que le format de l’enseignement classique ne leur convient pas. La rupture (ou disruption) des MOOC semble avoir pour vocation non pas de remplacer l’existant, c’est-à-dire l’enseignement traditionnel présentiel, mais d’offrir une alternative complémentaire. Chacun ayant sa place, chacun complétant l’autre. Au moins au début, pour ce qui est de l’avenir, on ne peut préjuger de rien.