Conditions de travail éprouvantes, perte de sens, déshumanisation du travail... 56% des salariés se trouvent en situation de «fragilité professionnelle». De nombreux dirigeants ont d'ores et déjà tiré la sonnette d'alarme.
Difficulté financière, maladie, conditions de travail éprouvantes... Plus d'un salarié sur deux (56%) est en situation de «fragilité» professionnelle ou personnelle, une situation qui pèse sur leur engagement au travail selon quatre dirigeants sur dix, dévoile mercredi une étude de Malakoff Médéric. Les salariés sont 37% à déclarer connaître une situation de «fragilité personnelle», principalement une grande difficulté financière (14%), une situation d'aidant (9%), une maladie grave ou un deuil récent (8%).
Une proportion équivalente se déclare dans une situation de «fragilité professionnelle», en majorité à cause de conditions de travail physiques ou psychiques éprouvantes (31%), une perte de sens et un sentiment fort de déshumanisation du travail (23%), ou une grande difficulté à concilier vie personnelle et professionnelle (11%). Toutefois, du point de vue «du salarié, mais également de l'entreprise et des partenaires sociaux, il y a de moins en moins de frontières (...) entre les fragilités dites personnelles et professionnelles», a commenté à l'AFP Christophe Scherrer, directeur général délégué du groupe de protection sociale.
Que 40% des dirigeants «fassent ce lien entre situation de fragilités» et productivité de l'entreprise, «c'est beaucoup», estime M. Scherrer, et cela crée «un mouvement qui va dans le sens d'une prise en charge globale», se félicite-t-il. Ainsi, 6 dirigeants sur 10 déclarent avoir mis en place une ou plusieurs actions, comme des avances sur salaire ou de frais (69%) ou l'aménagement du temps de travail (68%). Reste que dans la plupart des cas, les démarches engagées restent informelles, et seuls 35% des dirigeants déclarent mener des actions de prévention (26% des actions d'aide au retour à l'emploi).
«L'avance sur salaire est une mesure plus souvent mise en oeuvre car elle est à la seule main de l'entreprise, elle ne nécessite pas un accompagnement extérieur», explique M. Scherrer. De plus, des freins existent toujours à cet accompagnement. Côté salariés, la peur d'être licenciés (45%) ou pénalisés dans leur évolution professionnelle (39%) peut les inciter à ne pas évoquer ces problèmes. Côté employeurs, la crainte de paraître intrusif est ressentie chez 50% des dirigeants.