Écueils inévitables de croire que développer le talent de ses salariés provoquerait inévitablement une hémorragie des meilleurs d’entre eux, que former ses salariés, c’est investir à perte pour que les entreprises concurrentes en profitent pour les débaucher.
La réponse est clairement non et non, bien au contraire. Invertir dans les compétences de ses collaborateurs, c’est d’abord miser sur leurs performances. Et tout chef d’entreprise qui se respecte ne serait pas contre l’idée d’avoir une armée de salariés surentraînés prête à défendre sa citadelle contre les attaques vengeresses de ses concurrents. C’est le crédo de la productivité !
Cultiver les talents, c’est aussi investir dans l’épanouissement au travail et le sentiment d’appartenance de ses employés. La stimulation intellectuelle, la possibilité d’avancement et d’acquérir de nouvelles compétences figurent parmi les attentes les plus importantes des salariés. Pour preuve, le besoin d’estime et le besoin d’accomplissement de soi sont au sommet de la Pyramide de Maslow.
Très souvent, l’ambiance de travail est l’une des principales raisons évoquées pour expliquer le turnover. Et puisque l’entreprise est le lieu où l’homme moderne passe les trois quarts de son temps, il est inévitable qu’il en attende un maximum d’elle, et réciproquement, le principe du gagnant-gagnant.
Former, c’est aussi stimuler la créativité de ses salariés. Faire du salarié une force de propositions est en réalité une gestion intelligente des ressources disponibles dans l’entreprise. Les petites comme les grandes trouvailles sont toutes des pépites au bénéfice de l’entreprise. Elles peuvent aboutir à des innovations ou des simplifications de procédure améliorant la qualité du service, toutes productrices de valeur ajoutée.
En conséquence, la responsabilité de l’entreprise est de former ses salariés afin de maintenir leur esprit en éveil et encourager leurs adaptabilités aux changements constants de leur environnement professionnel. N’oublions pas pour autant ce que la sagesse populaire des corses, un autre peuple d’îliens comme nous, aime à le rappeler : « le zèle a tué plus d’homme que la paresse ».
Apprendre dépend surtout de la volonté personnelle de celui qui se forme. Une formation est pleinement utile lorsque la personne exprime son choix de formation et qu’elle soit entendue et soutenue. Dans ce cas, elle est plus disposée à apprendre et manifeste alors une écoute active propice à retenir les savoirs. Force est de constater que le système de financement de la formation continue appliqué en Métropole jusqu’en 2013 et encore en application aujourd’hui en Polynésie française n’accorde que peu de place à l’expression de la volonté du salarié de se former. Avec le temps, l’envie s’émousse pour disparaître complètement parfois. La France tente de faire évoluer son système en instaurant un Compte personnel de formation. L’avenir nous dira si en France, le dispositif a atteint ses objectifs de performance au profit des salariés et des entreprises elle-même, puis si la Polynésie décide de s’en inspirer.