Pour son 20ème anniversaire, Air Tahiti Nui donne rendez-vous à sa clientèle sur ses nouveaux appareils, les Boeing 787-9. Pour le personnel de vol, il est surtout synonyme d’un effort de formation à fournir pour amorcer la transition des vols sur Airbus vers ceux sur le modèle nouvellement choisi.
Au risque de provoquer des résistances plus ou moins fortes, il ne faut pas minimiser le fait que si une telle évolution peut être jugée stratégique par la direction de la compagnie, elle représente aussi un challenge pour son personnel. De facto, l’arrivée programmée de ses nouveaux appareils remet en question les acquis. La formation devient dès alors l’outil indispensable pour accompagner l’adaptation du personnel à ses nouvelles contraintes techniques. Mais au de-là des aspects purement techniques, face à des changements ambitieux, la formation peut aussi insuffler une nouvelle dynamique au sein des équipes.
En février 2015, Air Tahiti Nui annonçait son choix de renouveler sa flotte par l’acquisition et la location d’avions du modèle proposé par le constructeur américain Boeing, rejetant ainsi les contre-propositions de son traditionnel fournisseur français Airbus. L’année suivante, en 2016, le conseil des ministres acte définitivement cette décision.
Pour expliquer ce choix, le Président du conseil d'administration de la compagnie au tiare affirme que c’est d’abord "un choix stratégique". En effet, selon ses versions, ce long-courrier peut transporter 210 à 330 passagers et devient de fait plus économe en carburant. En comparaison, les spécifications initiales de Boeing annoncent une consommation inférieure de 20 % de celle d'un Airbus A330 par exemple. Pour atteindre cette performance, le Boeing 787-9 laisse non seulement une part belle à l’utilisation massive des matériaux composites, mais tous ses systèmes sont repensés à seule fin de réduire sa consommation.
Selon le p-DG de la compagnie, Michel Monvoisin, ce partenariat avec Boeing permettra d’offrir à tous ses clients les dernières innovations en matière de technologie et de confort. Pour compléter ces propos, Dinesh Keskar, Vice-Président Principal de la commercialisation dans la zone Asie-Pacifique-Inde de Boeing Commercial Airplanes explique que les 787-9 offrent à Air Tahiti Nui à la fois de hautes performances économiques avec un large champ d’action mais surtout un plus grand confort passager grâce aux atouts technologiques du Dreamliner tels qu’une pressurisation plus confortable, une meilleure qualité de l’air et de plus grands hublots pour mieux profiter de la vue sur l’extérieur.
Ce changement stratégique induit automatiquement une restructuration du personnel de maintenance et du personnel navigant dont principalement les pilotes d'ATN. Le déploiement de formations devient dès lors l’outil indispensable du processus d’adaptation des salariés concernés. Le succès du « pari stratégique de la tiare » dépendra de la réussite de son programme de formation.
Les premiers impactés seront les pilotes de la compagnie. Ces changements les obligent à suivre des stages de formation pour obtenir leur nouvelle qualification technique sur Boeing. Si la direction d’ATN reconnaît la contrainte que cela suppose pour le personnel, elle affirme également qu’elle ne sera pas un obstacle insurmontable.
Il est vrai que les mutations structurelles sont l’apanage des entreprises ambitieuses. Il n’est pas concevable pour une société de cette taille de demeurer pareil à elle-même, sans risquer de se scléroser et mettre en péril sa pérennité. Mais si évoluer est un processus naturel de croissance, l’adaptation du personnel reste la condition sine qua none à de telles ambitions. Négliger cette dimension peut être une erreur, voire un cauchemar fatal.